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Publié le 04 novembre 2025

Compétences de demain : renforcer les profils scientifiques et techniques est un impératif stratégique pour la compétitivité et la souveraineté économique de la France

À l’occasion des Premières Rencontres sur les compétences de demain, la Fédération Syntec et la Fédération bancaire française unissent leurs voix pour alerter sur l’urgence de renforcer l’attractivité, la qualité et l’accessibilité des filières scientifiques et technologiques en France. Dans un contexte de compétition internationale accrue, la maîtrise des compétences scientifiques et technologiques constitue un levier déterminant pour l’innovation, la transformation numérique et la souveraineté de la France. Les deux fédérations publient aujourd’hui un ensemble de propositions concrètes afin de construire une stratégie éducative et économique ambitieuse dans le domaine des sciences, au service de l’emploi, et de la compétitivité.

1 – Relever le défi scientifique dès l’école

La France fait face à un défi majeur : attirer davantage de jeunes vers les sciences et garantir la diversité des profils formés. Les fédérations appellent à :

  • Repenser la structuration des enseignements scientifiques au lycée, en misant sur la polyvalence et en levant les stéréotypes de genre afin d’éviter les abandons précoces. Par exemple, garantir le maintien des 3 spécialités en terminale permettrait de conserver les sciences physiques et les sciences de la vie et de la terre tout en évitant l’abandon des mathématiques, indispensables pour maintenir des passerelles entre les différentes filières universitaires.
  • Rendre les filières scientifiques et techniques plus attractives, inclusives et ouvertes à tous en revoyant les modalités d’accès et d’inscription en particulier dans les filières les plus sélectives. Par exemple, en ouvrant plus largement ces formations à des profils variés (jeunes issus de la voie professionnelle, adultes en reconversion, etc.) et en diversifiant les modalités de recrutement. Il s’agirait également de repenser la place des notes scolaires, du contrôle continu et des tests, en valorisant davantage les compétences pratiques, l’appétence pour l’expérimentation et les stages. Les conditions d’inscription pourraient être simplifiées, et les passerelles entre filières générales, technologiques et professionnelles revues. Cette évolution est essentielle pour répondre aux besoins croissants des secteurs technologiques, industriels et financiers, et pour garantir un vivier de talents diversifiés

2 – Réenchanter les vocations scientifiques en rapprochant formation et entreprises

Le rapprochement des mondes économique et académique est un levier majeur pour l’orientation et l’attractivité des métiers scientifiques. Les fédérations appellent à :

  • Former les enseignants et acteurs de l’orientation, notamment via des immersions en entreprise, pour une information objective et actualisée sur les parcours et métiers scientifiques. Cette approche pourrait par exemple s’organiser par la création d’une plateforme nationale sécurisée éventuellement déclinée sur un échelon plus local afin de faciliter la mise en relation entre établissements scolaires et professionnels volontaires, garantissant qualité et visibilité des interventions.
  • Multiplier les interactions entre établissements et entreprises (interventions, visites, réseaux d’ambassadeurs, journées de découverte), afin de sensibiliser les jeunes aux métiers nécessitant des études supérieures, notamment celles impliquant des parcours scientifiques et techniques. Cette démarche contribue à favoriser l’égalité des chances par une connaissance partagée des métiers et des parcours.
  • Promouvoir des rôles modèles féminins, afin de renforcer l’accès des jeunes femmes aux filières techniques et scientifiques. Cette proposition rejoint l’initiative « Code F » portée par le Medef et qui vise à féminiser les métiers scientifiques, techniques et technologiques.

3 – Assurer la qualité, l’accès et la confiance dans l’apprentissage

Comme l’a rappelé le Medef avec ses propositions en faveur de la jeunesse, l’apprentissage est un outil essentiel pour l’égalité des chances, l’insertion professionnelle et l’adéquation entre formation et besoin des entreprises.

  • Systématiser la co-construction des diplômes entre acteurs académiques et professionnels, afin d’aligner les enseignements sur les compétences réellement attendues par le marché du travail.
  • Sécuriser le financement de l’apprentissage par un co-financement équilibré entre État et entreprises, garantissant son accessibilité et son efficacité. La forte présence des jeunes issus des QPV parmi les apprentis ou les études réalisées sur ce moteur de promotion sociale démontrent la nécessité absolue de pérenniser le financement de l’apprentissage. Les Fédérations préconisent de fixer la prise en charge par l’État du budget finançant l’apprentissage à hauteur de 50%, pour tous les apprentis
  • Miser sur l’adéquation entre qualité de la formation et insertion dans l’emploi : Il est nécessaire d’étendre et de rendre efficiente la publication des taux de réussite aux examens et d’insertion durable à 6 mois dans l’emploi pour toutes les certifications et diplômes. Les Fédérations préconisent par ailleurs de mettre un terme au financement public des formations dont le taux d’insertion durable à 12 mois (CDI et CDD de plus de 6 mois) est inférieur à 50%.

Laurent Giovachini, président de la Fédération Syntec, déclare : « Pour maintenir sa place dans la compétition mondiale et répondre à la montée des besoins en talents qualifiés, la France doit agir sans délai. Le risque de déclassement est réel : c’est maintenant que se joue notre capacité à rester une nation d’innovation et d’excellence. Former, attirer et retenir les talents scientifiques est une condition essentielle de notre souveraineté technologique et économique. »

Pour Maya Atig, Directrice générale de la Fédération bancaire française : « Les propositions avancées par nos deux fédérations ont pour objectif de permettre au pays de renforcer sa formation et donc son économie. Elles sont simples à mettre en œuvre et poursuivent comme buts un meilleur accès aux filières techniques et scientifiques aux jeunes femmes et de créer les conditions de réussite de tous les jeunes par des formations axées sur l’emploi et portées par l’apprentissage comme c’est le cas aujourd’hui. »