Indice syntec 315,0

Loin du greenwashing, la réduction de l’impact environnemental, en opérant une véritable transition en matière d’empreinte carbone et d’éco-comportement, est un engagement crucial pour l’entreprise. 

Introduction

La RSE est la contribution aux grands enjeux de développement durable ; l’entreprise qui s’engage dans une telle démarche prend par conséquent des engagements pour réduire son impact sur l’environnement. En effet, même pour les professions de services à haute valeur ajoutée qui fournissent principalement des prestations intellectuelles, tous les aspects de la vie de l’entreprise laissent une empreinte environnementale : consommation d’énergie et de matières premières, production de déchets, de polluants, émission de gaz à effet de serre (GES)…

La présente partie a vocation à mettre en avant l’ensemble des implications environnementales de l’entreprise par son activité et les axes sur lesquels il convient d’agir : 

  • l’engagement environnemental de l’entreprise au niveau global, s’inscrivant dans une politique de réduction des émissions de gaz à effet de serre liées à son activité ; 
  • une politique des déplacements induits par son activité (déplacements domicile-travail des salariés et déplacements professionnels) gouvernée par des objectifs de réduction des émissions de CO2 ; 
  • l’impact environnemental limité de ses bâtiments ; 
  • l’utilisation responsable et durable des outils numériques ; 
  • les achats réalisés avec une prise en compte de leurs impacts environnementaux ; 
  • la prévention de la pollution par une politique de réduction des déchets et de recyclage et la protection des écosystèmes.

Le saviez-vous ?

La performance extra-financière représente la performance de l’entreprise sur les volets social, sociétal, environ-nemental, renforçant ainsi ses relations avec ses parties prenantes et son positionnement responsable sur le marché. Depuis 2017 certaines entreprises sont soumises à une obligation de « déclaration de performance extra-financière » (cf lexique). 

Enjeux

Engagement environnemental de l’entreprise / réduction des émissions de gaz à effet de serre

Cette démarche consiste en la mise en place d’une stratégie de l’entreprise intégrant pleinement les enjeux environnementaux, avec une politique formalisée et déclinée en actions le long de la chaîne de décision de l’entreprise (via un système de management environnemental). 

Pour pouvoir s’engager dans une diminution des émissions de gaz à effet de serre (GES), la structure doit au préalable mesurer ses émissions, afin d’évaluer l’impact de son activité sur l’environnement. 

Bilan GES

Un bilan GES est une évaluation de la quantité de gaz à effet de serre émise (ou captée) directement ou indirectement dans l’atmosphère sur une année par les activités d’une organisation ou d’un territoire. 

Toute structure peut établir et suivre une comptabilité carbone de ses activités dans le cadre d’une stratégie carbone de réduction des impacts.

En France, la réalisation du bilan d’émissions de GES est obligatoire pour les personnes morales de droit privé employant plus de 500 personnes. Ce bilan est public et mis à jour tous les quatre ans pour les entreprises, et il doit être publié sur la plateforme de l’ADEME. 


Les standards internationaux divisent les bilans d’émissions de GES en trois catégories, appelées « scopes » :

  • le Scope 1 couvre les émissions directes,
  • le Scope 2 couvre les émissions indirectes associées à l’énergie,
  • le Scope 3 couvre les autres émissions indirectes.

Si l’obligation de bilan de GES ne couvre que les deux premiers scopes et que la réalisation et la publication d’un inventaire pour le troisième est seulement recommandée, il est cependant essentiel d’établir un bilan de GES incluant les 3 scopes, afin d’avoir un périmètre le plus complet et transparent possible.

Un bilan GES se déroule selon les 6 étapes suivantes :

  1. Préparer
  2. Collecter
  3. Calculer
  4. Présenter
  5. Planifier
  6. Diffuser

Sur la base des résultats de cette mesure, il convient de mettre en place une politique environnementale formalisée présentant des engagements, un plan d’action ou équivalent (par des engagements volontaires ou par l’évaluation de l’amélioration de la performance extra-financière).

L’entreprise peut décider de mettre en œuvre un plan d’actions afin d’être certifiée par un organisme extérieur ce qui lui permet de démontrer son engagement en matière d’environnement en répondant à une série d’exigences attestant de sa conformité à une norme (par exemple la norme internationale ISO 14001). 

Le saviez-vous ?

Dans le domaine de l’environnement, la norme ISO 26000 aborde notamment les points environnementaux suivants :

  • approche cycle de vie des produits et services ;
  • approche système produits-services ;
  • politique d’achat durable ;
  • évaluation des impacts sur l’environnement des projets ;
  • production plus propre et éco-efficience, utilisation efficiente des ressources ;
  • apprentissage et sensibilisation, notamment du personnel.

Mobilité durable 

Les trajets domicile-travail et les déplacements professionnels sont le premier poste d’émission de gaz à effet de serre des activités de bureau 5 : 12 millions de tonnes sont émis par les déplacements liés aux activités de bureau. Les trois-quarts de ces déplacements s’effectuent en voiture. Les trajets domicile-travail, qui représentent 30 % du trafic routier, s’effectuent majoritairement à une seule personne par véhicule. L’impact de ces déplacements est important, mais dépend largement des moyens de transport utilisés.

L’entreprise peut facilement s’engager à réduire les déplacements polluants par une politique de limitation des déplacements professionnels, qui sont nombreux dans les professions de services à haute valeur ajoutée. Par exemple, par une dématérialisation des réunions lorsque cela est possible (promouvoir l’usage des visioconférences, des équipements avec des outils de visio dans les salles de réunions) et le recours au télétravail régulier (par un accord d’entreprise ou un avenant au contrat de travail, avec la rédaction d’une charte télétravail) pour les types de postes et les métiers pour lesquels le télétravail est possible. 

Par exemple, dans le cas de missions de conseil ou de gestion de projet chez un client, la prise en compte des trajets apparaît comme un élément majeur de réalisation de la prestation : risques routiers, impact carbone, équilibre vie privée/vie professionnelle du consultant. Tout cela peut être pris en compte de manière à permettre une réalisation de la prestation à la fois plus respectueuse de l’environnement (train, flotte de véhicules électriques, diminution des temps de trajets, favoriser les échanges en visio plutôt que les déplacements systématiques) mais également une meilleure optimisation du temps du consultant préservant ainsi sa santé et son énergie. 

Elle peut aussi favoriser l’utilisation de transports non émetteurs de CO2 ou collectifs, notamment dans les trajets professionnels lorsqu’ils ne sont pas substituables par des réunions dématérialisées : 

  1. Pour les trajets domicile-travail en incitant à l’utilisation des mobilités douces ou des transports en commun : présence d’infrastructures de type garage à vélo, douches, vestiaires ou prise en charge financière pour l’achat d’un vélo / vélo électrique ou d’un abonnement type vélib’, Forfait mobilité durable, plan de mobilité de l’entreprise obligatoire pour les entreprises de plus de 50 salariés sur un même site.
  2. Pour les déplacements professionnels, que ce soit via une flotte de véhicules ou via des véhicules de location lors de déplacements : s’engager à utiliser des véhicules propres sans malus écologique au 1er janvier 2020 (taux d’émission de CO2 < 90 g/km).

5. Source : ADEME : www.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/guide-pratique-ecoresponsable-au-bureau.pdf
6. Source : Décret du 9 mai 2020 relatif au « forfaitmobilités durables » www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do ?cidTexte=JORFTEXT000041858450&categorieLien=id

Le saviez-vous ?

Les bénéfices de l’incitation à l’usage du vélo sont nombreux et quantifiables, sur l’environnement mais aussi sur la santé des salariés (réduction des absences avec – 15 % des arrêts maladie pour un salarié cycliste et amélioration de la productivité).

Depuis décembre 2019, les employeurs qui le souhaitent peuvent accorder un « forfait mobilités durables » jusqu’à 400 €/an aux salariés et agents publics qui viennent travailler en vélo ou via des véhicules partagés. Cette prise en charge des frais prend la forme d’un versement annuel dans la limite de 400 euros, exonéré d’impôt sur le revenu et de cotisations et cumulable avec le remboursement de l’abonnement transport en commun (50 % pris en charge par l’entreprise) 6.

Responsabilité des bâtiments

Que l’entreprise soit propriétaire ou locataire de ses locaux, il est possible pour elle d’inciter à réduire la consommation d’énergie, avec par exemple l’existence d’une charte de bonnes pratiques (type guide ADEME) sur la réduction de la consommation d’énergie à destination des salariés (limitation du chauffage, de la climatisation, usage de multiprises avec interrupteur, comportements responsables avec le matériel informatique…). 

L’entreprise peut facilement recourir à un fournisseur d’électricité verte, c’est-à-dire issue des énergies renouvelables, pour sa consommation électrique (fournisseur d’électricité « vert » i.e. solaire, bois, éolien, hydraulique, méthanisation) 

Par ailleurs, si elle veut s’engager pour avoir un bâtiment exemplaire au plan écologique, elle peut être attentive à l’écoconception des bâtiments utilisés, loués ou achetés (asservissement du chauffage à des détecteurs de présence, panneaux solaires pour chauffer l’eau sanitaire, multiplication des sources de lumière naturelle, toitures végétalisées, chauffage par pompe à chaleur géothermique…).

Le saviez-vous ?

D’importantes consommations de climatisation, chauffage ou ventilation sont dues à une mauvaise programmation (par exemple, une ventilation se mettant en marche la nuit). Un audit très simple peut les révéler, avec un retour sur investissement immédiat. 

Utilisation responsable de l’informatique 

Les activités de services à forte valeur ajoutée entrainent une forte utilisation d’ordinateurs, de téléphones, ou d’imprimantes. Ces équipements ont des impacts environnementaux lors de leur fabrication et pendant toute leur durée de vie : consommation d’électricité, production de déchets…

Dans cette logique, il est indispensable que l’entreprise intègre les critères RSE dans le choix des matériels informatiques et pense une politique de circularité des équipements informatiques. L’entreprise peut pour cela rédiger et diffuser aux salariés une charte des bonnes pratiques informatiques visant à allonger la vie des produits et à la circulariser : extinction des matériels informatiques non utilisés, limitation du remplacement des imprimantes/ordinateurs/téléphones portables ; choix d’achat de matériels reconditionnés ; don du matériel informatique ancien à des associations pour réutilisation…

Le saviez-vous ?

  • 3,8 % des émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial sont dues au numérique (terminaux, réseau, data centers), dont les deux tiers sont liés aux terminaux (ordinateurs, téléphones…). À titre de comparaison, le transport aérien pré-Covid19 représentait 2 % des émissions mondiales.
  • Parmi les émissions de gaz à effet de serre générées par le numérique, 25 % sont dues aux data centers, 28 % aux infrastructures de réseaux et 47 % à nos équipements (ordinateurs, tablettes…) 7.
  • Passer de 2 à 4 ans d’usage pour une tablette ou un ordinateur améliore de 50 % son bilan environnemental 8.
  • Certains équipements consomment moins que d’autres : un ordinateur portable consomme 50 % à 80 % de moins qu’un ordinateur fixe et une tablette encore moins 8.
  • Il existe des labels environnementaux qui indiquent les matériels performants et économes en énergie : EPEAT silver, EPEAT gold et TCO.

Il est facile pour l’entreprise d’inciter à réduire le nombre d’impressions papier : par exemple par une politique de réduction des impressions pour les réunions (utilisation de versions numériques plutôt que papier) et par la diffusion de bonnes pratiques sur l’utilisation responsable des imprimantes : programmation des imprimantes R/V, N&B ; optimisation de la mise en page des documents et impression uniquement des éléments utiles d’un document….

Elle peut, de surcroît, promouvoir auprès de ses salariés une utilisation responsable des mails, par l’existence d’une charte des bonnes pratiques sur l’utilisation du numérique prônant : 

  1. l’allègement des échanges sur boîte mail : compression de la taille des pièces jointes ou envoi grâce à des sites de dépôt temporaire, limitation du nombre de destinataires d’un mail, signature sans image ni logo pour les échanges internes, utilisation de la messagerie instantanée de l’entreprise si elle est disponible pour échanger avec un collègue plutôt que de lui envoyer un mail.
  2. le désabonnement des newsletters inutiles et la suppression des vieux mails.

Le saviez-vous ?

  • La conservation d’un e-mail pendant un an équivaut à l’émission de 10 grammes de CO2 8.
  • Multiplier par 10 le nombre de destinataires d’un mail, c’est multiplier par 4 son impact environnemental 8.
  • Pour conserver les mails stockés dans la messagerie et dans la poubelle, les hébergeurs doivent faire tourner des serveurs qui consomment de l’énergie.

7. Source : Décret du 9 mai 2020 relatif au « forfait
mobilités durables » www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do ?cidTexte=JORFTEXT000041858450&categorieLien=id
8. Source : ademe, www.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/guide-pratique-ecoresponsable-au-bureau.pdf 

Achats responsables et promotion du développement durable tout au long de la chaîne de valeur

La prise en compte des enjeux du développement durable dans les achats, en choisissant systématiquement des produits éco-conçus/verts/équitables, ainsi que dans la sélection de fournisseurs et de prestataires responsables est fondamentale pour décliner ces objectifs tout le long de la chaîne de valeur : 

  1. sensibilisation/formation aux préoccupations relatives au développement durable des salariés réalisant des actes d’achats : achat de papiers de forêts gérées durablement, plateaux repas bio, goodies écoconçus pour les salons, mobilier écoconçu…
  2. sensibilisation/formation des salariés réalisant des choix de fournisseurs/de prestataires : signature d’une charte d’engagement RSE par les fournisseurs/prestataires, label relations fournisseurs et achats responsables. 

Par ailleurs, l’entreprise peut prendre en compte ces enjeux directement en intégrant les principes du développement durable dans les cahiers des charges d’achat de produits et de services (présence de critères sociaux et environnementaux…).

Prévention de la pollution et protection des écosystèmes

La limitation de l’utilisation du plastique à usage unique en entreprise va de pair avec l’interdiction de la vente de certains produits en plastique à usage unique depuis le 1er janvier 2020 . 

Exemple d’action

Plan de réduction des déchets plastiques (éviter les gobelets jetables dans les salles de réunion à remplacer par des verres, bouteilles plastiques remplacées par des gourdes en inox, fontaines à eau…), mise en place de conteneurs adaptés au tri.

La gestion des déchets des entreprises représente un enjeu majeur pour l’environnement. Il est par conséquent indispensable que l’entreprise s’engage à réduire la production de déchets et à favoriser la réutilisation, le réemploi ou le tri sélectif . 

Exemples d’action 
  1. Publications électroniques ou en matière recyclée, dématérialisation des facturations, réutilisation des matières ou des déchets ou suppression d’une ou plusieurs catégories de déchets, mise en place du tri sélectif au sein de l’entreprise.
  2. Organisation écoresponsable des évènements d’entreprise : lieu proche du domicile des participants et de modes de transports propres, traiteur solidaire et restauration bio et locale, en quantité adaptée aux besoins en gérant les déchets (vaisselle réutilisable, tri …) voire en organisant des événements zéro déchet.

L’entreprise a également un rôle à jouer dans la préservation de la biodiversité, même lorsque son cœur de mission peut en paraître éloigné et alors même qu’elle n’utilise que peu de terrains et de locaux, comme c’est souvent le cas pour les professions de services à haute valeur ajoutée. Elle peut par exemple végétaliser ses bâtiments : les toits, murs et terrasses peuvent être utilisés comme support de nombreuses opérations de végétalisation. Elle peut également mettre en place des activités de valorisation du site, en favorisant la pollinisation via l’installation de ruches sur les toits des bâtiments, l’installation d’hôtels à insectes, un potager d’entreprises avec l’arrosage des plants pour l’eau de pluie, le semis de graines mellifères ou l’entretien général des installations végétalisées qui permettent par ailleurs de créer du lien social entre les collaborateurs et de favoriser leur reconnexion à la nature. 

Actions

Les incontournables 

  • Mise en place d’une mesure des émissions de gaz à effet de serre (GES) afin d’estimer l’impact de l’activité de l’entreprise sur l’environnement et construire un plan d’actions pour réduire cet impact.
  • Réduction des déplacements professionnels polluants et incitation à l’utilisation des mobilités actives.
  • Politique de réduction de la consommation d’énergie des locaux (charte de bonnes pratiques) et recours à un fournisseur d’électricité verte.
  • Intégration de critères RSE dans le choix des matériels informatiques et mise en œuvre d’une politique de circularité des équipements informatiques.
  • Politique de réduction de l’usage du papier et d’utilisation responsable des mails.
  • Prise en compte systématique des enjeux du développement durable dans les choix d’achat ainsi que dans les choix de fournisseurs et de prestataires (et formation des salariés effectuant ces prises de décisions).
  • Actions de lutte contre l’utilisation du plastique à usage unique et pour la réduction des déchets.

 Pour aller plus loin 

  • Certification ISO 14001.
  • Intégration de critères RSE dans les cahiers des charges d’achat de produits et de services.
  • Actions en faveur de la biodiversité (végétalisation, valorisation du site…).